L’île de Pâques est l’île habitée la plus isolée de la planète: elle se situe dans l’océan Pacifique à 3.700 km du Chili – dont elle dépend – et à 4.000 km de Tahiti. La terre la plus proche de cette petite île est Pitcairn, éloignée de plus de 2000 km!
Le premier européen à la découvrir fut le navigateur néerlandais Jakob Roggeveen, le jour de Pâques de l’an 1722, d’où son nom.
(ça va, le mec ne s’est pas trop cassé la tête)
Annexée par l’Espagne en 1770, elle devient ensuite possession chilienne en 1888.
Bien. Les présentations faites, passons maintenant aux choses sérieuses…
Mystère n°1 : les statues de l’île de Pâques
Plutôt que « statues », appelez-les plutôt « vestiges mégalithiques ». C’est plus classe si vous voulez briller en société.
C’est la première civilisation de l’île, les Haumaka, qui en sont à l’origine. Je vous préviens tout de suite: on connaît assez mal ce peuple, et l’emploi du conditionnel va donc être assez fréquent dans les lignes qui suivent…
Comment une île perdue au milieu de nulle part devient-elle habitée? On n’en sait fichtrement rien… mais selon la mythologie haumaka, leur peuple habitait initialement dans les îles Marquises (à plus de 3500 bornes de là, quand même…). Vers l’an 1200, à la suite d’une guerre de clans, leur roi envoya sept explorateurs pour trouver un nouveau territoire où s’installer. Pour ne pas se perdre, ils suivirent la direction du soleil levant et, après des semaines de navigation, tombèrent enfin sur une île hospitalière. Six d’entre eux repartirent pour annoncer la bonne nouvelle, puis revinrent accompagnés de tout leur peuple. Ils baptisèrent leur nouveau territoire « Te pito o te henua », c’est-à-dire « le nombril du monde »…
Ma foi, cette explication semble plutôt plausible.
(en tout cas plus que les théories à base d’Atlantide ou d’extraterrestres qui pullulent sur le net…)
À peine débarqués sur l’île, les habitants s’empressent d’ériger d’immenses statues un peu partout, probablement pour des raisons religieuses… nous y reviendrons!
Ces « vestiges mégalithiques » portent un nom: les Moaïs. Ils sont au nombre de 887, mesurent en moyenne 4 mètres de haut et sont en général posés sur des terrasses en pierre, les ahû. Tous les Moaïs sont tournés vers l’intérieur des terres, à l’exception d’un groupe de sept d’entre eux, le Ahu Akivi, qui regardent face à la mer… Probablement en hommage aux sept explorateurs qui conduisirent leur peuple jusqu’ici…
Ces statues peuvent ainsi avoisiner les NEUF MÈTRES de haut pour un poids de plus de 80 tonnes. Pas mal…
Mettez-vous deux secondes à la place des mecs qui trouvent un truc pareil… Deux questions viennent immédiatement en tête:
La première est d’ordre technique: comment ont-ils bien pu faire ?
La seconde est d’ordre plutôt philosophique: mais bon sang, pourquoi ?
La réponse à la première question est assez simple. Les statues ont été sculptées dans du tuf ou du basalte, des roches volcaniques présentes en abondance sur l’île. En plaçant les blocs de pierre sur des rondins de bois et en s’y mettant à une centaine de bonhommes, il est possible de les tracter sans trop de difficultés. #Easy
Après tout, les Égyptiens et les Mayas ont bien érigé des pyramides…
Reste la question du POURQUOI. Là, on arrive dans un monde de conjectures… L’hypothèse la plus probable est que les Moaïs, ces gigantesques statues de pierre, étaient intrinsèquement liées au culte des morts. Quand un chef ou membre important de la tribu décédait, on sculptait un Moaï à son effigie. Cette statue, positionnée dos à la mer et dont le regard était porté vers sa tribu, devenait alors un puissant talisman contre les forces extérieures…
Mystère n°2 : la disparition soudaine des habitants de l’île
L’île est aussi tristement connue pour l’extinction brutal du peuple qu’elle abritait.
Les premiers migrants avaient réussi à construire, à partir de ressources assez limitées, une société technologiquement avancée. Mais les importantes ressources en arbres dont ils disposaient le long de la côte furent épuisées en seulement quelques siècles. Entre les années 1200 et 1500, ce fut la prospérité. Ensuite, la catastrophe: l’île perdit peu à peu toutes ses forêts suite à une exploitation incontrôlée des ressources naturelles.
Pour perdurer durablement, la population n’aurait sans doute jamais dû dépasser les 2.000 habitants. Or, au cours du XVIe siècle, elle atteignit des sommets: on parle de 10.000, voire 30.000 habitants. Cette démographie galopante eut pour conséquence d’épuiser la ressource primordiale à leur civilisation, notamment pour la construction de leur habitat et de leurs bateaux de pêche: le bois.
L’expansion démographique et l’exploitation sans réserve des ressources de la nature entraînèrent une dégradation importante et rapide de tout l’écosystème de l’île. Ajouter à cet écocide des aléas climatiques (sécheresses) et des guerres tribales: vous obtenez un cocktail explosif entraînant la mort de plusieurs milliers d’individus…
Mystère n°3 : Un changement brutal de religion
Ils avaient beau ériger des Moaïs à en perdre la raison, rien n’y faisait. Les arbres ne poussaient pas plus vite, les vivres venaient toujours à manquer. Les habitants commencèrent à penser que les Dieux étaient de pacotille… Un beau jour, dans un déchaînement collectif brutal, les anciennes idoles furent abattues. Il devait alors régner sur l’île une atmosphère de fin du monde… C’est pour cette raison, semble-t-il, que de nombreuses statues sont encore aujourd’hui couchés sur le flanc.
Exit le culte des ancêtres, place au dieu Maké-Maké! Représenté sous les traits d’un homme à la tête d’oiseau, on l’honorait notamment en sautant de la falaise d’Orongo, à l’extrémité Sud de l’île. Chose étonnante, il n’y a que sur l’île de Pâques que le dieu Maké-Maké soit connu: il s’agit là de la création d’une véritable religion ex-nihilo en à peine quelques décennies. De mémoire d’homme, on n’a jamais vu ça…
C’est dans ces conditions que Jakob Roggeveen débarqua sur l’île en 1722. Le navigateur était loin de se douter que la civilisation qu’il venait de découvrir était déjà au bord du gouffre… Bien sûr, l’arrivée des Européens ne fit qu’accélérer le mouvement. Nouvelles maladies apportées par les explorateurs et déportations de masse (esclavage)… la population fut réduite à une centaine d’individus dans les années 1870. L’île fut ensuite repeuplée par des ouvriers agricoles polynésiens originaires pour la plupart de l’île de Rapa, en Polynésie. C’est pour cette raison que le peuple de l’île s’appelle désormais les Rapanui.
Depuis, la population a trouvé une certaine sérénité… et une manne financière avec le tourisme!
Aujourd’hui, ce sont plus de 40.000 visiteurs qui viennent chaque année sur l’île de Pâques pour admirer les Moaïs qui, de leur regard énigmatique, n’ont pas fini de nous fasciner.